Mers El Kebir

 

Mers-el-Kébir

Mers-el-Kébir le 3 juillet 1940 : une tragédie Franco-anglaise !

Le 22 juin 1940, au même endroit que fut signé l’armistice du 11 novembre 1918 , à bord d’un wagon dans la forêt de Rethondes à Compiègne (60) est signé l’armistice qui met fin à la bataille de France . C’est à partir du 25 juin 1940 que le cessez-le feu entre en vigueur sur tous les fronts . Parmi les 24 articles , l’un stipule que la France est coupée en deux zones : la zone occupée et la zone libre . L’empire colonial et la flotte sont intacts .

Ce même 25 juin 1940 , le monde ignore qu’une catastrophe se prépare à Oran (Algérie), plus précisément dans la rade de Mers-el-Kébir . Depuis plusieurs jours, l’Amiral en chef de la flotte François Darlan répète : « Quelle que soit l’évolution de la situation, la Marine peut être certaine qu’en aucun cas la flotte ne sera livrée à l’ennemi » . C’est à cette même date que le premier ministre britannique Winston Churchill avait déjà pris sa décision de mettre les Français au pied du mur et de s’emparer de leurs bateaux de gré ou de force .Lorsque les termes de l’armistice furent publiés , l’Angleterre toute entière , prise de panique demanda au gouvernement une action immédiate . En effet , seule sans allié , sans autre armée que les rescapés de Dunkerque , son unique défense était d’être une île dont les côtes seraient défendues par une flotte puissante . Si l’équilibre venait à être rompu , son sort risquerait d’être réglé aussi rapidement que celui de la France .

L’opération Catapult

Elle débute dès le 2 juillet 1940 par différentes ruses et par la menace d’officiers britanniques montant à bord de navires français  amarrés dans les ports de Portsmouth et de Plymouth . Capturés , les marins et officiers se voient proposer de rejoindre De Gaulle , mais la plupart refusent par fidélité  au gouvernement légitime et sont rapatriés . Les Anglais excluent de s’en prendre aux marins français stationnés à Toulon , car d’une part leur attaque est risquée et d’autre part , cela inciterait les Allemands à occuper ce port . L’escadre qui mouille dans la rade de Mers-el-Kébir parait davantage à leur portée . Churchill veut prouver au président américain Franklin Roosevelt sa détermination à poursuivre la guerre pour éviter un rapprochement entre la France et l’Allemagne. Il charge l’Amiral James Somerville d’une mission des plus désagréables, mettre hors de nuire ses anciens compagnons de combat .

Précisons qu’à Mers-el-Kébir , ne se trouve pas toute la flotte française mais seulement une escadre comprenant les cuirassiers Provence , Bretagne ,  Dunkerque et Strasbourg , le Commandant –Teste (transport d’avions) et six contre-torpilleurs , le Kersain , le Terrible , le Tigre , le Lynx , le Volta et le Mogador .

Le 3 juillet 1940 au matin , l’Amiral James Somerville se présente devant la rade de Mers-el-Kébir à la tête d’une puissante flotte de guerre . Un plénipotentiaire anglais , le capitaine Cédric Holland se rend auprès de l’Amiral Français Marcel Gensoul  sur le Dunkerque et lui propose :

A ) De rejoindre les ports britanniques et de continuer la guerre aux côtés de la Grande Bretagne .

B ) De conduire les bâtiments dans un port britannique d’où les équipages seraient rapatriés .

C ) De conduire les bâtiments avec un équipage réduit dans les ports des Antilles (Guadeloupe ou Martinique) sous contrôle des Américains .

L’ultimatum était fixé à 12 heures . L’Amiral Marcel Gensoul fait traîner les négociations et met ses navires en position de combat . Il fait savoir à l’Amiral James Somerville qu’une attaque anglaise serait équivalente à une « déclaration de guerre » .A 15 heures pour montrer sa détermination , l’Amiral James Somerville fait miner l’entrée de la passe par ses avions de l’aéronavale basés à bord du porte-avion Ark Royal .Les discussions s’éternisent , et dans le courant de l’après-midi , les Anglais captent un message de l’Amiral François Darlan à l’attention de l’Amiral Marcel Gensoul qui précise : « Les escadres de Toulon et d’Alger se portent à votre secours » .

A 16h30 , James Somerville donne l’ordre d’attaquer la flotte française . C’est à 16h56 que les premières slaves touchent les bâtiments de la flotte, la Provence et le Dunkerque sont touchés . La Bretagne atteinte par une slave prend feu puis explose , coule en quelques minutes entrainant la mort de 997 marins . Au bout d’un quart d’heure , le feu cesse . Cette attaque aura causé la mort de 1295 marins français auxquels s’ajoutent plus de 400 blessés .

Le 6 juillet 1940 , les avions anglais reviennent et endommagent le Dunkerque . Dans le port d’Alexandrie en Egypte , l’opération « Catapult » se déroule sans aucun mort et aucun blessé car le 7 juillet 1940 , l’Amiral René Emile Godfroy commandant la force X accepte l’ultimatum poli de l’Amiral Sir Andrew Cunningham et fait désarmer ses navires sous contrôle britannique . Deux ans plus tard, ils entreront dans la guerre aux côtés des alliés .

L’attaque de Mers-el-Kébir est un événement tragique qui creusera un fossé long et difficile à combler .

Le dimanche 5 juillet 2020 à 11 heures, une cérémonie organisée par l’ACOMAR et l’Amicale des anciens marins de MIRIBEL, devait avoir lieu place de la République à MIRIBEL, malheureusement compte tenu des circonstances, ce rendez-vous de la mémoire est  reporté à une date ultérieure.

                                                                                                  Jacques BIARD

 

Date de dernière mise à jour : 21/04/2020

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